Depuis 17 ans le lycée de Ressins a un partenariat avec un établissement scolaire en Ukraine dans la région de Toultchyn. Malgré la guerre, la venue des jeunes Ukrainiens a pu se poursuivre. Organisé par Alice Louvard et Frédéric Valois, enseignants, un échange sur le vécu des jeunes Ukrainiens et les élèves de seconde professionnelle et de quatrième a été organisé. Retour sur cette rencontre
Quels étaient les objectifs principaux de cette rencontre interculturelle pour les élèves ?
Frédéric Valois : « Poursuivre le jumelage quoi qu’il arrive entre Ressins et ce groupe. Il se fait en ce moment dans un seul sens, car à l’époque certains élèves de Ressins allait en Ukraine. Il est du devoir de l’école de Ressins d’accueillir des jeunes qui se confrontent à la guerre au quotidien et de montrer de la solidarité. »
Alice Louvard : « De leur faire dépasser de la peur de l’inconnu en se confrontant à des personnes d’une autre culture, de montrer qu’ils partagent les mêmes besoins, de réaliser la chance de notre vie quotidienne, de révéler en eux une part d'humanité de confronter à l'inconnue face à des témoignages authentiques. »
Comment s’est déroulée cette rencontre ?
Alice Louvard : « Plutôt bien, dans un premier temps les élèves de secondes professionnelles, n’osaient pas poser des questions par rapport au contexte géopolitique mais petit à petit les questions se sont posées.
Frédéric Valois : « Cette rencontre avec ces jeunes a été une vraie chance de pouvoir échanger ensemble sur une situation difficile ».
Malgré la barrière de la langue, comment avez-vous pu échanger tous ensemble ?
Alice Louvard et Frédéric Valois : « Aucune difficulté, certains enseignants ukrainiens sont bilingues et Tania, réfugiée vivant à Roanne, anciennement professeur de français en Ukraine ou encore Viktor salarié de Ressins ont pu faire la traduction. Il y avait beaucoup d’émotions dans les échanges et beaucoup d’écoute. »
Comment les élèves ont-ils accueilli la présence des participants Ukrainiens lors de cette semaine ?
Frédéric Valois : « Nos élèves ne se doutaient pas de la réalité que ces jeunes Ukrainiens vivaient au quotidien. Une élève ukrainienne a expliqué que depuis 2 ans, elle n’a pas vu ses parents parce qu’elle a fui la région des combats. Elle dit avoir eu la chance de pouvoir s’enfuir avec sa sœur.
Alice Louvard : « Partager ce moment d’échange avec tous ces jeunes, cette bienveillance suite à ces échanges a été un moment puissant. «
Quel est votre ressenti après cette rencontre ?
Frédéric Valois : « En tant que professeur d’histoire-géographie, ce moment d’échange fort avec les Ukrainiens est bien plus important qu’un cours d’histoire-géographie ou de géopolitique. »
Alice Louvard : « Très heureuse d’avoir partagé ce moment, de voir l’attention des élèves de Ressins après cet échange qui ont partagé une activé avec les chevaux ensuite. Au-delà de la langue un échange se construit. J’espère que les élèves en sont ressortis grandis. Une chance de pouvoir tendre la main vers les Ukrainiens, ça apporte beaucoup à chacun. »
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant ces échanges ?
Frédéric Valois : « Une enseignante a témoigné de la mort de son fils au front le 27 février 2024. L’ensemble de l’auditoire a été plus qu’ému par ce témoignage. Un témoignage qui ne peut pas laisser indifférent. »
Alice Louvard : « La banalisation de la violence… Un jeune homme de 19 ans avec un handicap physique qui ne pouvait combattre, mais qui a dû se justifier pendant plus de 20 minutes à la douane pour partir d’Ukraine, la Crimée occupée par les Russes : en 8 secondes les drones atteignent et ne laissent pas le temps de se protéger (une habitude dans leur quotidien, celle de recevoir des missiles).
Qu’avez-vous retenu de cet échange ?
Frédéric Valois : « Nos élèves ont pu se rendre en compte de la dure réalité de la guerre au quotidien, les jeunes ukrainiens sont régulièrement en alerte dans leur pays. Malgré un front et l’arrière du pays, tout le monde est menacé par les bombardements de la guerre. »
Alice Louvard : «Ressins a la chance d’accueillir des groupes, un participant a remercié l’accueil des français qui pour eux représente un moment de paix. La portée de ce moment unique montrant que de simples gestes et une main tendue peuvent avoir un grand impact. »